« De bons champignons hallucinogènes
Je vais me goinfrer toute la semaine. »
Ainsi disait un bien piètre poète
Quitté par sa Muse, une fille bête.

Il se rendit alors à Amsterdam,
Où l’on voit dit-on des Dieux et des Dames.
L’auberge était chère, mais, maugréant
Au coffee-shop il courut, déplorant

Le temps maussade et les pavés glissants.
« Qu’importe », se dit-il tout on ouvrant
La porte. « Elle est là, l’inspiration :
Elle m’attend dans ce beau champignon ».

On lui fit éteindre sa cigarette,
Son manteau s’égouttait sur la moquette :
On l’en débarrassa ; puis il s’assit
Attendant le reste avec bon appétit.

On lui proposa d’abord quelques herbes
A fumer, mais c’est d’un ton bien acerbe
Qu’il refusa tout net. Fumeur peut-être,
Mais sensible, même en poète piètre !

Il voulait l’inspiration ! Pensait-on
Qu’il avait roulé pour un seul chichon ?
« Pour la poésie, il faut mon talent…
Et un coup de pouce de temps en temps. »

On lui apporta donc le plus puissant,
Du genre psilocybe, pour Voyants,
Magiciens, sorciers, déjantés divers
Chefs de sectes, ou autres sondeurs d’enfer.

Heureux enfin, le poète approuva
Et sans vergogne ni peur se gava.
Quand il eut bien roté, il dut sortir
Pour d’une cigarette en paix jouir.

C’est alors que le champignon sournois
S’attaquant aux neurones délicats
Du piètre poète, lui fit revoir
Tout ce qu’il n’avait jamais voulu voir.

Il se vit à cinq ans, sous le soleil
Torturant par ennui un insecte vermeil.
Il se vit écraser l’oiseau tombé
Il vit le chaton qu’il avait noyé.

Il vit tout cela et bien d’autres choses
Que vous raconter à cette heure je n’ose
Le piètre poète est à Amsterdam
Dans un asile, soigné par des dames.

Le piètre poète n’a plus de Muse.
Sous les arbres on peut voir qu’il s’amuse
A cueillir une fleur pour faire offrande
Aux oisillons tombés qu’il sait comprendre.

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22 septembre 2010