Crucifiée
Crucifiée, la tête en bas,
clouée au lit de l’impuissance :
un simple lit de bois.
Les yeux sont clos sur une nuit rageuse
Secouée d’éclairs d’impatience,
Cloutée de désirs innommés.
Bras raidis, mimant la mort,
Des pensées rugissent en trains rapides.
Des corolles jaunes, nauséeuses
et répétitives, montent, en cercles concentriques
puis se perdent en d’autres cercles
au-delà.
Un entonnoir où je tombe
aspirée en haut, en bas ;
Lointaine étincelle, perdue, perdue.
Le souffle. Ce n’est pas mon souffle
sifflant entre mes côtes, ce souffle.
Souffle de la Vie, d’un Dieu ou d’un Démon ?
Un vent de velours noir secoue les branches
de feuilles vertes dans mon ventre,
souple et dangereux comme un tigre.
Avec l’affreux sourire du tigre affamé de chair
Si seulement j’étais le tout petit enfant,
poings fermés sur le sommeil :
Je n’y suis pas.
Je ne suis pas.
Dehors, le monde : jardin de paix, soleil
oiseaux.
Je suis clouée à ma croix.
N’étant plus bien accrochée à ce monde :
L’enfant est mort dans mon ventre
poings toujours fermés sur des rêves délicats.
Puis le barrage éclate sous la poussée ;
Des flots de larmes sortent de ma tête brulante.
Larmes rédemptrices ?
Larmes lavant le sang des supplices ?
Un peu de Témesta ?
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27 juin 2010