Délicieusement les corbeaux
Hommage à Arthur Rimbaud
Délicieusement les corbeaux
Plongent du bec dans un corps bien chaud,
Croassant, battant leurs ailes bleues
Pour savoir qui goutera aux yeux.
Le chaud soleil brille, indifférent,
Tandis qu’une hirondelle en passant
Gobe une scatophage en plein vol
Et va chasser dans les vapeurs molles.
Le Printemps mourant – mois de Juin
Est couvert de plaies d’où il suint,
Parfum écœurant de pourriture,
Le noir fluide de la Nature.
Juin : même la rivière a chaud.
Un peu plus loin on voit des troupeaux
Couchés, et ruminant l’herbe rance
Où vrombissent les taons, leur engeance.
Après-midi de Juin, dans les prés
Un couvercle d’azur est posé
Sur la délicieuse Nature
Où chacun peut trouver sa pâture.
Délicieusement, les corbeaux
Se régalent d’un corps encor’ chaud
La table est bien dressée pour la mort
Que la vie épousera encore.
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10 avril 2010