Dialogue
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Rien.
- Comment « rien » : tu n’as rien à dire ?
- J’ai dit ce que j’avais à dire.
- Oui, mais quoi : qu’est-ce que tu as dit ?
- Je te l’ai dit. Tu n’avais qu’à écouter. Je n’ai plus rien à dire.
- Comment ? Tu as tout dit ?
- Oui, je sais… ça paraît facile à dire…
- Mais… plus rien ! Tu ne veux plus rien dire ?
- Que veux-tu, que veux-tu que je te dise.
- Je sais pas… dis-moi… dis-moi tout.
- Mais j’ai tout dit.
- Alors c’est fini ?
- Oui.
- Tu mens !
- Comment ça, « je mens » ?
- on a toujours quelque chose à dire.
- Et quoi ?
- Je sais pas, justement. Je sais pas ce que tu peux dire.
- Et tu voudrais que je te dise quelque chose ?
- Non, c’est toi.
- C’est moi ? Mais je n’ai rien à dire.
- Si !
- Quoi ?
- Je sais pas, c’est à toi de le dire.
- Mais tu m’emmerdes à la fin. Pourquoi veux-tu que je te dise quelque chose que je n’ai pas à dire ?
- A toi de trouver.
- C’est fatigant.
- Pourquoi c’est fatigant ?
- J’ai trop à dire. Alors je sais plus quoi dire.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Ca veut dire que c’est trop. Je m’embrouille.
- Pourquoi ?
- J’en ai trop à dire. Je trouve pas les mots.
- Ah ! Bon ? Alors tais-toi.
- Mais… je voudrais pouvoir dire…
- Dire quoi ?
- Ce que je n’ai pas dit.
- Par exemple ?
- Je sais pas. Peut-être quelque chose sur les tigres, tiens.
- Pourquoi les tigres.
- Je sais pas. Les tigres. Dieu. La mort.
- Tu deviens fou.
- Oui, je sais. Mais je te ferai remarquer que c’est toi qui m’as demandé. Pourquoi ?
- J’aime bien tes histoires.
- Même mes histoires de fou ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Comme ça…
- Pour passer le temps ?
- Oui, j’en ai assez du temps.
- Tu ne te débarrasseras pas du temps comme ça, tu sais…
- Oui… Qu’est-ce qu’on disait au fait ?
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11 mai 2010