L'arbre et le vent (poème à troix voix)
Cochonfucius :
L’arbre disait : « Je ne peux pas courir,
Je suis tenu au sol par mes racines. »
Le vent disait : « M’arrêter, c’est mourir,
Malheur à Cupidon qui m’assassine. »
Radha :
L’arbre pensait qu’on ne possède pas le vent
Qu’enraciné on ne quitte pas sa terre
Que sans échos nous échappe cette lumière
Qui brûle toute racine d’un amour suffisant.
Le vent et l’arbre n’appartiennent a personne
Quelle peine est réelle à trop se désirer ?
L’attente d’un écho qu’on ne peut posséder
En commun les deux avaient quelques consonnes.
L’amour éclaire quand il est poétique
A deux le vivre est-il plus fantastique
Que simplement savoir l’autre exister ?
J’ai assisté au coucher du soleil
C’est en silence qu’on écoute une merveille
Dont on aimerait un jour pouvoir rêver
Cochonfucius :
Échange de caresses entre l’arbre et le vent
Qui sait où sont les racines du vent?
D’où vient sa vie? Du ciel ou de la terre?
L’arbre cherchait la clef de ce mystère,
Aimant cet être invisible et vivant.
Mais lui, le vent, se demandait souvent
Comment vivait cet arbre solitaire,
Presque toujours occupé à se taire…
Que contenait ce silence éprouvant?
L’arbre et le vent, de leurs mots poétiques,
Ont tissé leur dialogue fantastique;
Et mon sonnet ne sait pas l’imiter.
On dit qu’après le coucher du soleil
Ils ont goûté un plaisir sans pareil…
Mais dans un temps quelque peu limité.
Babylon5 :
Le chêne et le vent
Le vent murmure dans les feuilles
Que dit-il donc à ce grand chêne ?
Le vent passe et n’à point d’orgueil
Il soupire, on l’entend à peine.
Le vent voudrait se marier,
Il aime les branches du chêne
Mais il ne peut que soupirer
Et s’en aller vers d’autres peines.
L’arbre fier reste planté là
Mais il écoute la chanson
Du vent qui gémit dans ses bras
Et qui l’agite de frissons.
Le vent joue comme d’un lyre
Du chêne aux rameaux frémissants
Le cœur de l’arbre est en délire
Il veut partir avec le vent.
Mais accroché à ses racines
L’arbre ne peut s’en arracher
Il peut seulement faire un signe
Avec ses feuilles veloutées.
Il peut pleurer des larmes dorées
Quand le vent va souffler ailleurs
Mais reste là, désespéré
De ne connaître ce bonheur.
Comment à son tronc attacher
Ce vent si doux qui pour lui chante,
Empli de parfums si sucrés,
De ces doux pollens qui l’enchantent ?
Mais parfois le vent en colère
Tord les branches dans le ciel noir
Il est en rage, c’est la guerre,
Arrachant l’arbre à son terroir.
L’arbre est à terre, il n’est plus fier.
Ses racines vers le ciel tordent
Leurs pauvres bras au goût amer
Qu’un vent méchant va venir mordre.
C’est là les amours d’un grand chêne
Et du vent qui passe insolent
Amoureux, prenez-en donc graine :
L’amour est un poison violent.
Cochonfucius :
Vent fripon
Le vent aime toucher des feuilles,
Qu’elles soient d’orme ou de bouleau;
Il lui suffit que l’arbre veuille
De l’amour qu’il déverse à flots.
Le vent est déjà marié
Chez lui à un beau pâturage,
Mais ses plaisirs veut varier
Avant d’atteindre le grand âge.
L’arbre souvent adore ça,
Qu’on vienne lui chanter chansons,
Et longtemps du vent qui passa
Se remémore le frisson.
C’est d’ennui que le vent soupire
Aux branches de bois frémissant,
Et quelques jours plus tard, c’est pire,
Ils sont tous les deux languissants.
S’il ne tenait à ses racines,
L’arbre serait parti ailleurs;
Et cet ennui qui l’assassine
Lui fait dire des mots railleurs.
Alors le vent, plein de colère,
Couche cet arbre brusquement:
Ce qui a cessé de nous plaire
Cause notre ressentiment.
Un arbre à terre, d’autres restent
Qui désirent un coup de vent,
Qui pas encore ne détestent
Ces caresses d’un bon vivant.
Prenez garde, arbres qui se bercent
Au souffle du vent amoureux…
Vous tomberez à la renverse
Et vous en serez malheureux.
Cochonfucius :
Qui donc, devant le corps d’un arbre,
Parviendrait à rester de marbre?
Newton a compris l’univers
Près d’un pommier au regard vert.
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19 avril 2010