La mélancolie

Sur le bord du chemin, la mélancolie me fait un signe. Elle a de longs cheveux noirs, une robe pâle déchirée aux coudes et aux genoux.Elle tient par la main un enfant. L'enfant est aveugle, la mélancolie est muette mais elle me sourit.

 

Je m'arrête alors au bord du chemin -c'est un long chemin sinueux, encombré d'épines et de cailloux, et qui ne mène de toute façon nulle part. Je plonGe mes yeux dans les profonds yeux noirs de la mélancolie. La mélancolie me sourit à nouveau -triste sourire-, puis me tend sa main libre.Et je me mets à marcher je ne sais où, entre la mélancolie muette et l'enfant aveugle, loin du chemin.

Nous allons à l'écart du chemin, dans les sous-bois remplis de ronces et d'animaux peureux, sur la mousse, vers les étangs, plus loin, vers les marais peut-être.Il y a peu de jour dans le pays de la mélancolie.C'est à peine si le soleil, déguisé de vert, y est admis, à l'orée des clairières.

La mélancolie préfère la nuit, et moi aussi : que faire du jour et de ses injonctions à agir ? Toutes ces actions : comme des palets jetés à fleur d'eau. Le galet passe, puis l'eau reprend son état initial.

La mélancolie me mène doucement, moi et l'enfant aveugle, elle connait la forêt par coeur. Elle fait peu de gestes. L'important n'est pas de la suivre, mais nous aimons ses larmes. Enfin, la mélancolie nous mène à un puits au fond  d'un bosquet de chênes.

Pas besoin de me pousser : j'escalade la margelle, et je tombe dans l'eau glacée, dans l'eau sombre du puits.



30/07/2011
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