Le train de Chester
Ma mie, prendras-tu le train de Chester
Traversant les prés verts de l’Angleterre ?
Viendras-tu voir la rue de la Princesse,
La Cathédrale et ses jolies abbesses ?
Non, aller à Chester je ne veux pas :
À Coventry on a mis mon papa,
Tout ça parce que c’était un loustic
Qui souffrait un peu de TOCS et de tics.
Mais voici que le train arrive en gare,
Et ma mie je pousse sans crier gare :
Nous voilà comme amoureux embarqués,
Tant pis si elle n’a pas décidé.
C’est que mon cœur saigne et bat fort pour elle,
Alors j’ai capturé la demoiselle ;
Mais elle se tord les mains et pleure
Tandis que le train part à cent à l’heure.
Non ! Non ! Emmène-moi à Birmingham !
Tu es goujat d’ainsi forcer les dames.
Laisse-moi descendre au prochain arrêt,
Ou tes grandes oreilles je mordrai.
C’est alors qu’il roule à un train d’enfer :
Brulants sont les rails du train de Chester,
Qui tout soudain de son sifflet strident
Transperce l’espace d’un hurlement.
De la verte campagne on ne voit rien…
Un ciel flou, des lumières en essaim.
Et le train maudit accélère encore
Rougi à blanc, courant vers notre sort.
Heureusement que le Chat du Cheshire
Par la fenêtre nous fait son sourire.
Alice à ses côtés tient le miroir
Et nous dit sans un mot d’aller les voir.
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3 juin 2010