Printemps qui vient
Ce soir, le printemps qui vient ne me dit rien,
Ce soir, car ma journée n'a servi à rien,
Qu'à pleurer sur un lit défait.
Qu'y puis-je, si mon coeur est blessé...
Allons, abandonnons la saison :
qu'avant même d'être née,
elle se change en été,
un été torride, au soleil sans pitié.
Ou en été pourri, aux moissons martyrisées,
Qu'importe, pourvu que le temps soit mauvais.
Ô saisons, vous m'avez si bien trompée,
embrouillée dans vos pluies, vos neiges
vos grêlons, vos rayons mensongers.
Oui, je donnerais cher pour chanter
une de ces chansons gaies.
Mais y a t-il vraiment lieu d'être heureux
dans ces temps mauvais ?
Mais, par la fenêtre, toujours, on entend
qu'on le veuille ou pas
les oiseaux bêtes avec leurs cris,
leur pépiements insouciants.
Tellement insouciants, que parfois
sur le carreau, l'un deux vient s'écraser.