Complainte de poète
Le poète inspiré aspire
Parfois au repos. Comment dire ?
Un vertige venu d’en haut :
Le Poète est à court de mots.
Un nuage gris est sur lui.
Comment marcher dans cette nuit ?
Comment nourrir la flamme obscure,
Cette lueur qui le torture.
Comme il voudrait être une bête !
Ne plus entendre dans sa tête
Ni ces appels, ni ces clameurs
Ni ces poussées vers le bonheur.
Le poète n’est pas un prêtre.
Ni temple ni autel : que l’être
Criant vers un ciel infini.
Poète inspiré et maudit.
Mais le Poète est un emblème,
Comme une croix, souffrance extrême,
Dressée là entre jour et nuit :
Le Poète n’a pas choisi.
Inspiré, il n’est pas prophète.
Il n’est qu’un malheureux poète
Et rien ne sait tenir pour vrai
Sinon le vide qui l’effraie.
Inspiré, il ne l’est pas toujours :
Accablés d’ennui sont ces jours
Où il ne sait trouver les mots
Pour dire l’indicible beau.
Il ne repose pas pourtant :
Il travaille même en dormant,
Obsédé qu’il est de coucher
L’ineffable sur le papier.
On croit souvent qu’il s’émerveille
D’une fleur, du ciel, du soleil.
C’est en lui qu’il voudrait voir clair
Car à lui-même il est mystère.
Poète, tu ne sais retrouver
Ce Jardin dont Dieu t’a chassé.
Poète inspiré, tu es fou
Tes mots toujours de toi se jouent.
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17 avril 2010