J'aurais voulu
J’aurais voulu, j’aurais voulu,
écrire un grand poème :
D’exubérants jasmins
croulant sur les tonnelles
des fleurs, des parfums,
envahissant nos têtes,
des milliers d’oiseaux,
leurs voltiges et leurs ailes,
et puis le chant des abeilles.
Des poings serrés
levés tous vers le ciel ;
Et aussi les flocons
d’un novembre agité
qui bataille en piaillant
sur les roses immortelles.
J’aurais voulu montrer
ces amours impossibles
avec leurs yeux languides
et leurs miroirs brisés
qui se promènent nus
en des jardins sucrés
et guettent les poètes
les vierges et les douairières.
J’aurais voulu, j’aurais voulu
que ces vers effilochés
montrent les Puissants
diaboliques guerriers,
leur regard courroucé,
leurs bras portant de l’or,
les fruits purulents,
les liqueurs fortes
qu’ils boivent en leurs palais,
dans des reflets de sang,
leur doigts couverts de bagues,
tandis que d’un seul mot
ils vendent des châteaux,
des cathédrales.
Et enfin ces poètes
dont les voix rugissent
par delà les cités,
par delà l’océan.
J’aurais voulu,
mais tous les mots se brisent
sur la réalité,
comme une écume.
Sur le quai.
26 novembre 2010