Le froid
Il est venu d’un coup, comme toujours.
Le froid sait nous surprendre
quand on ne l’attend pas
quand on n’y pense plus,
même si on en parle, la bouche en biais,
sans y croire…
Trop habitués
aux longs soirs d’été
aux soirs parfumés,
au vin doux de l’été,
aux draps trop lourds
à la sueur des nuits mouvantes
les nuits sonores et vastes
de l’été,
au lent pourrissement
de l’automne
avec ses longues pluies,
ses douceurs, ses langueurs
ses violons monotones…
Et puis un matin,
on a froid.
Vraiment très froid.
On a connu pourtant, mais on ne savait plus
Le froid effroyable ;
ça vous rend les doigts gourds,
ça vous transperce,
comme l’œil glacé de Dieu.
On prend conscience de nos os
de notre squelette,
de la chair luttant pour recouvrir les os,
de nos mains
de nos pieds.
Nos pieds réclament la laine, le chausson, l’âtre.
Nos mains échauffent l’air glacial.
Le froid,
c’est comme la maladie,
comme la douleur
comme la mort.
Le froid,
c’est soudain
comme l’éclair du couperet
de la conscience nue.
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12 octobre 2010