Les saisons
Les saisons se succèdent au fil de ma dérive.
Je les vois trépasser, automne après été ;
Hiver qui nous étreint avec ses doigts de givre,
Puis printemps qui nous vend ses promesses volées.
Je vois au ciel rouler les troupeaux de nuages,
Allant porter ailleurs les pluies libératrices
Et j’entends dans le vent comme un mauvais présage
Pour les terres livrées à d’absurdes caprices.
Allongée sur la rive, je regarde l’eau
Roulant, indifférente, entre les arbres tristes,
Vers le noir océan où s’écroulent les flots.
Son murmure est si doux que mon cœur s’en attriste.
Que n’ai-je aimé, que n’ai-je aimé une saison ?
Je ne sais de l’amour que son égarement ;
A mes lèvres amères, le goût des trahisons :
Les larmes fatiguées de cet écœurement.
Sur la berge des ans je reste là, captive
Des débris d’un passé qui n’a plus de présent.
Mon âme couturée est aux sables soumise,
Qui enserrent mes pieds pour mon enlisement.
Les yeux fermés m’emportera le fil de l’eau,
Frêle et fragile esquif, perdu vers d’autres ports ;
Détrempé, inutile et pourri de sanglots,
Me mêlant à la mer et ses rivages d’or.
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18 octobre 2010